Vous habitez chez vos parents ? [vuz- abité Sé vo parâ ?]

Fig. A. Vous habitez chez vos parents ?

[vuz- abité Sé vo parâ ?] (interr. dir. SÉDUC.)

Manger et foutre sur la gueule du voisin demeurent les deux premières préoccupations majeures depuis que l’on recense de l’humain sur Terre. Vient ensuite celle de reproduction de l’espèce ou du moins d’entraînement à la chose.

Une tâche qui nécessite une attitude et des paroles remplissant le double objectif de subtilité et de compréhensibilité, et que les temps surannés condenseront dans le questionnement vous habitez chez vos parents.

Vous habitez chez vos parents est destiné à la promise qui ne sait pas encore qu’elle l’est, ou qui ne l’est même pas du tout mais qui porte une jolie robe à fleurs suffisante pour sembler l’être.

D’usage quasi exclusivement masculin, la formule vise a priori à connaître le degré d’autonomie et de disponibilité de la questionnée, la réponse positive ouvrant plus de possibilités quant à la troisième préoccupation mentionnée princeps, bien que laissant supposer qu’il faudra le cas échéant négocier pied à pied avec le paternel de la donzelle (l’un des parents en question), celui-ci se montrant traditionnellement et culturellement réfractaire à ouvrir son logis¹.

La réponse négative pouvant quant à elle se montrer positive – un comble – le fait de ne pas habiter chez ses parents laissant supposer une certaine liberté, ou définitivement négative (un autre aura déjà posé la question et obtenu une réponse positive, cf. ci-dessus).

Cependant, en usage, vous habitez chez vos parents n’appelle pas obligatoirement à la réponse. La question est semi-rhétorique.

Elle constitue une locution introductive prétexte à l’établissement d’un dialogue préalable à l’échange consenti de fluides corporels. C’est l’attitude générale qui tiendra lieu d’opposition ou d’adhésion, une gifle valant réprobation, une minauderie permettant d’avancer dans le dialogue.

Nota Bene : de très stricts et peu loquaces « oui/non » induisent une fin de non recevoir. Ne pas insister.

Hey mademoiselle, vous êtes charmante, ça te dirais une glace à la menthe enverra vous habitez chez vos parents au tréfonds des expressions surannées, notamment grâce à son mélange de vouvoiement traditionnel et de tutoiement moderne, réussite syntaxique soulignée d’une rime digne des plus grands poètes qui ne peut qu’entraîner une enthousiaste réponse positive.

Trop aléatoire, vous habitez chez vos parents disparaît du champ de la séduction. Le moderne aime l’efficacité, le consentement éclairé, les propositions claires.

¹Les années surannées sont parfois vieux jeu.

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