Chaud comme une baraque à frites [So kòm yn barak a frit]

Chaud comme une baraque à frites

Fig. F. Frites chaudes dans leur cornet de papier journal traditionnel. Courtesy from The French fries museum, NY.

So kòm yn barak a frit] (loc. adj. PDT.)

La frite à dorer¹, Chez Michel et Véronique¹, Tutty Friterie¹, Frank Frites & Burgers¹, La Frite Rit¹, sont autant d’établissements réputés (dans leur quartier voire plus loin) pour leur savoir-faire en cuisson de bâtonnets de pomme de terre puis assaisonnement en sel et accompagnement en sauce ketchup, moutarde, mayonnaise.

Au-delà d’une cuisine simple, authentique et sans chichis, ces commerces de bouche sont les derniers hérauts de chaud comme un baraque à frites, expression qui en son temps désormais dépassé faisait référence à une excitation paroxysmique.

Chaud comme une baraque à frites impliquait, pour être justement comprise, qu’on eut connu la fièvre plus torride que celle d’un samedi soir de la caravane aménagée en cuisine de Roger, Madame Nénesse, Michel ou Véronique, et dont le premier venu pouvait prendre la mesure subtilement rien qu’à la large auréole sous-aisselle qu’arborait systématiquement le patron. Un peu à la façon d’une flopée de médailles récompensant des actions héroïques au combat, la sueur et les petites projection de graisse bouillante maculaient le poitrail du chef suintant, complétant ce tableau extatique.

De là à en faire le maître étalon du stimulus érotique il y a plus d’un pas… que la langue phallocrate s’empressa de franchir.

S’accordant à un féminin qui l’arrangeait pour parvenir à ses fins, elle fit un usage immodéré de chaude comme une baraque à fritesChaude comme une baraque à frites devint même pour certains la mesure d’une ardeur féminine affectée à d’autres tâches que celles dites ménagères.

Une utilisation plus commune fut celle de la description d’instants d’embrasement des passions de toutes sortes : un débat politique pouvait ainsi devenir chaud comme une baraque à frites, un match de football OM-PSG était naturellement chaud comme une baraque à frites, un repas dominical en famille aussi.

Comme trop souvent c’est l’hydre immonde de la vitesse comme seul credo qui renvoya dans les arrières cuisines du langage chaud comme une baraque à frites. Avec ses méthodes productivistes, avec ses boites carrées, avec sa modernité criarde de jaune et son clown tueur par étouffement au sucre et à la graisse, Mc Donald’s mis au rancart la baraque à frites et par conséquence chaud comme une baraque à frites.

Chaud comme un fast food ne fit aucune carrière tant le grotesque de la situation s’avéra évident et surtout vide de toute sensualité.

¹Authentique.

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