Faire le cake [fèr le kak]

Faire le cake

Fig. A. Chef faisant le cake.

[fèr le kak] (loc. verb. CUIS.)

Ne comptez pas sur votre encyclopédie préférée pour vous confier une recette de cuisine. D’autres plus pointues sur la question sauront le faire bien mieux. Ici si l’on fait rissoler quoi que ce soit ce sont des mots tordus, si l’on bout c’est devant une syntaxe à la va-comme-j’te-pousse et si l’on hache menu ce sont des expressions venues à la hussarde. 

Faire le cake ne fait donc pas dans le moule à enduire et la pâte à garnir vous l’aurez bien compris. Loin de là. Selon toute vraisemblance – et après investigations – le cake en question ne serait pas celui qu’on trouve rectangulaire fourré de fruits confits, d’olives ou de tout ce qui est passé sous la main créative du chef, mais plutôt un cadet.

❝ Enfant enclin à se faire remarquer un peu plus que de raison ❞

Cake serait en effet une libre évolution du provençal cacoua (XVIIIᵉ siècle), signifiant donc cadet, enfant suivant l’aîné au sein d’une fratrie et, de fait, enfant enclin à se faire remarquer un peu plus que de raison pour parvenir à la hauteur de son prédécesseur, détenteur omnipotent du droit d’aînesse et des divers privilèges liés à son rang.

Faire le cake n’est que l’expression consacrée pour marquer cette propension extravertie à contester par le puîné l’ukase lui interdisant de regarder le film après le générique des étoiles du cinéma, à tremper ses lèvres dans le Champagne, à monter à l’avant dans la voiture, à savoir pour ce qui est du Père Noël. Faire le cake c’est avant tout contester un ordre établi par le rang de naissance, se faire remarquer et espérer faire chuter le premier.

Tout comme son homologue à base de farine, d’œufs, de beurre et de sucre, le cake qui nous intéresse est très présent dans les cocktails et pince-fesses en tous genres quand il devient adulte. Il y trouve un milieu propice à son épanouissement, l’instant prêtant à pérorer et à fournir des gages de primauté. Tantôt doucereux tel son homonyme aux fruits confits, tantôt salé tel son paronyme saumoné ou cochon, il y fera son office turbulent. Faire le cake est une véritable vocation.

Le succès télévisé des experts nourriciers ou Top Cake a définitivement fait basculer faire le cake dans le domaine culinaire. Faire le cake ne s’entend plus autrement qu’aux fourneaux, ce qui nous permet de manger et rend l’époque plus calme mais nettement moins imagée.

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