Comment on fait les bébés ? [kòmâ ô fè lé bébé ?]

Fig. A. Cigogne expliquant comment on fait les bébés.

[kòmâ ô fè lé bébé ?] (quest. exist. SEX.)

Pendant des centaines d’années, une question existentielle a taraudé des générations entières d’enfants tout juste sortis des langes de bébé Cadum.

L’origine du monde, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, intrigue le petit d’homme qui perçoit bien derrière le lourd silence que colportent les adultes, un secret d’initiés, une formule formidable, un complot peut-être…

Alors il réfléchit mais ne perce pas à jour l’épais mystère : il n’a pas d’Internet sous la main car il n’existe pas, on est dans les temps surannés. Il se tord les méninges, il imagine, il extrapole, il envisage, il échafaude.

Un jour n’y tenant plus, il veut savoir. La chose n’a que trop duré !

S’il est Gustave Courbet, il peint, s’il est commun il s’approche de Celui qui doit savoir (puisqu’il sait tout, il est adulte) et lui lance la question : comment on fait les bébés ?

À un silence long comme un discours de Fidel Castro succèderont dans le désordre le plus complet une thèse sur le pouvoir des fleurs et la fonction des abeilles butineuses, un cours magistral sur la migration des cigognes depuis leurs faîtes alsaciens jusqu’aux lointaines terres africaines, une théorie savante sur les légumes de la famille des brassicacées avec focus sur le chou-fleur, un embrouillamini peu convaincant où il sera question de câlin et de s’aimer très fort.

Objectivement (je vous parle avec mes yeux d’enfants) rien qui ne permette vraiment de pouvoir comprendre comment on fait les bébés.

La question est devenue surannée.

Fig. B. Bébés nés dans les choux.

Une fois de plus c’est la modernité numérisée qui l’a flinguée. Le marmot moderne n’est plus éduqué à Martine fait de la bicyclette ou Fantômette chez les Corsaires. Le poulbot d’aujourd’hui n’a que faire de Tintin en Amérique ou même de Pif Gadget !

Le gone de la Croix-Rousse, le minot de la Canebière sont en Wifi mes braves amis. À l’âge où les vieux cons surannés coloriaient leurs albums de Babar sans dépasser, ces petits là découvrent sur Youtube ou ailleurs tout de l’interaction fleurs-abeilles et de la pollinisation, à deux ou à plusieurs, avec ou sans accessoires. Et ne leur parlez pas des cigognes, ils en connaissent plus que vous sur les mœurs de ces grands échassiers à la gorge profonde.

Ils ont réglé leurs préoccupations sur l’origine du monde et Courbet a rangé ses pinceaux.

Comment on fait des bébés ? ne se pose plus. L’histoire est éventée.

Vous m’avez bien eu mais vous ne m’aurez plus ! Moi aussi j’ai le Wifi aujourd’hui.

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