Jean-foutre [Zanfutr]

Jean-foutre

Fig. J. Jean-foutre III, prince perfide d’Albion et d’ailleurs.

[Zanfutr] (n. comp. CON.)

Lorsqu’il s’énerve, le suranné est plus blessant qu’un fouet cinglant. Il a le mépris destructeur, hautain à souhait, humiliant au plaisir. Ne me regardez pas ainsi : celui qui mérite le qualificatif que voici est un vilain et qu’il s’estime heureux qu’on ne l’embastille pas sur-le-champ.

Le jean-foutre est hautement méprisable et moins qu’un bon à rien, il est mauvais à tout. Son cas est tellement sans appel qu’il ne bénéficie même pas d’une capitale pour son prénom. Pas de Jean mais un jean-foutre, c’est vous dire s’il est incapable.

Il aurait pu avoir une carrière plus sympathique si Aragon s’était donné le cran d’aller au bout des Aventures de Jean-Foutre La Bite auxquelles il s’essaya à la fin des années 20 mais qu’il détruisit et alla jusqu’à renier, trop encombré par sa notoriété entre temps apparue. Mais non, ce jean-foutre ne parvint pas à convaincre son auteur de le laisser en vie, fut-ce dans une littérature aussi ténue en parution que celle du surréalisme érotique.

Jean-foutre est suranné depuis que la langue commune se refuse à appeler un chat un chat. Elle a même essayé la fourbe de nous fourguer le je-m’en-fichiste ! Quelle blague ! Comment un tel usurpateur ronflant pourrait-il faire l’objet d’un traitement si doux ? Le jean-foutre est un loquedu, un minable, un pisse-vinaigre bon à conchier.

Sans vertu, le jean-foutre aime à se faire passer pour un sage quand il ne réfléchit qu’à sa prochaine fuite, pour un pondéré alors qu’il fourbit sa lâcheté, pour un organisé lui qui suivra le plus battu de tous les sentiers.

Détail cocasse, le jean-foutre est toujours masculin, on ne connait pas de jeanne-foutre.

J’en ai croisé deux ou trois dans ma vie de ces fâcheux, ils se reconnaîtront si leurs pas les conduisent par ici. Un impoli aussi rustre qu’ils sont minables leur dirait qu’il leur pisse à la raie pour justement les envoyer se faire foutre; pour ma part je resterai plus policé et les prierai d’agréer, Messieurs les jean-foutre, l’expression de mon mépris le plus profond.

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