Avaler l’Auvergnat [avalé lovèrNa]

Fig. 1. Premier exemple connu d’avaler l’Auvergnat. Ier s.

[avalé lovèrNa] (exp. relig. COMMU.)
Ne possédant qu’une vision très parcellaire des choses de la pompe religieuse principalement organisée autour de mariages joyeux mais pénibles (puisqu’il ne s’agit jamais du mien) et d’enterrements tristes mais commodes (puisqu’il ne s’agit jamais du mien), la chronique de ce jour comportera probablement quelques approximations que vous voudrez bien, au choix, me pardonner ou corriger. Dans le pire des cas, si je vous semble par trop impie n’hésitez pas à me vouer aux gémonies.

Le Bougnat dont il est question aujourd’hui n’est aucunement celui qui vous sert votre petit crème tous les matins ou votre pression récréative un peu plus tard dans la journée. Charbon et limonade sont loin de nos préoccupations du jour contrairement à l’apparence. Mais que diantre vient fiche l’autochtone de l’Allier, du Cantal, de la Haute-Loire ou du Puy-de-Dôme dans cette expression là ? Est-ce pour lui conférer un statut suranné ? Que nenni, elle le serait avec tout habitant de n’importe quelle province de France. Alors quoi ? Pourquoi avaler l’Auvergnat ?

Une frénésie cultuelle toucherait-elle plus le natif du Massif Central que celui de Savoie ou des Vosges ? Je ne sais pas. Je ne peux, comme vous, que constater que c’est de lui dont on parle quand on décrit en suranné l’ingestion de l’hostie par le croyant catholique. Et mon instinct me susurre qu’avaler l’Auvergnat ne résulte probablement pas du langage partagé par les grenouilles de bénitier avec monsieur le curé. Certes on n’est jamais à l’abri d’une surprise et comme je vous l’ai précisé je ne maîtrise pas le rite, mais mon instinct est sûr.

Il serait plaisant, mais je crois pas très honnête, de chercher une rime supplémentaire au génial Georges qui nous chantait la chanson pour l’Auvergnat. Non, je ne vous ferai pas le coup du texte originel révélé. Avec ses douze strophes ciselées comme on les aime il avait réglé la question de l’action et celle de la bien-pensance qui souvent s’éloignent l’une de l’autre et ne nécessitait donc pas un avaler l’Auvergnat en plus pour tordre le cou aux bigots incapables de donner quatre bouts de pains mais toujours prêts à donner la leçon. Nous ne trouverons pas la solution entre le rue Didot et la rue de Vanves.

Et comme les spécialistes s’écharpent pour savoir si l’auvergnat est un dialecte de l’occitan ou une langue romane, ce n’est pas non plus en fouillant dans les racines du lexique que nous trouverons quoi que ce soit… Il faut nous y résoudre, avaler l’Auvergnat restera un mystère, après tout pour nous causer d’un autre ce n’est finalement pas très grave. J’espère juste par respect pour la chose surannée que l’administration ne fourrera pas son nez dans l’affaire, loi sur l’Acte III de la décentralisation aidant, avaler l’Auvergnat-Rhône-Alpin ça aurait nettement moins de gueule.

Je me méfie de tout depuis la transformation novlanguesque de la piscine en « milieu aquatique profond standardisé » et du badminton en « activité duelle de débat médiée par un volant ». Ne touchez pas à avaler l’Auvergnat !

🎼🎶 Elle est à toi, cette chanson,
Toi, l’Auvergnat qui, sans façon,
M’as donné quatre bouts de bois
Quand, dans ma vie, il faisait froid,
🎶Toi qui m’as donné du feu quand
Les croquantes et les croquants,
Tous les gens bien intentionnés,
M’avaient fermé la porte au nez…🎶

Georges Brassens, Chanson pour l’Auvergnat, 1954

Laisser un commentaire