Tremper son biscuit [trâpé sô biskÿi]

Tremper son biscuit

Fig. A. Philosophie dans le boudoir, Tome I, 1795.

[trâpé sô biskÿi] (gr. verb. NIQ.)
Je n’aime pas beaucoup ce suranné que voilà mais je voulais vous en parler. Je l’ai toujours trouvé un peu vulgaire et je vous ai déjà assez bassiné avec cette sombre face à la Nadine de Rothschild dont je ne peux me défaire malgré des années de trempage de croissant dans le café (je sais que c’est strictement interdit en public mais que voulez-vous il me faut bien quelques défauts), de coudes posés sur la table et de « va te faire empapaouter » lancés dans la circulation et ses affreux affres embouteillés.

Je n’aime donc pas beaucoup tremper son biscuit, qu’on se le dise.

Je vous entretiens de l’expression uniquement pas de ce qu’elle exprime, ne vous méprenez pas.

Pour commencer l’histoire, tremper son biscuit est tellement étrange dans son allégorie qu’il m’a fallu des années pour la comprendre (j’avais beau chercher dans le dictionnaire elle n’y figurait pas et je rappelle que les seuls moteurs existant au temps du suranné étaient à explosion et jamais de recherche). Peut-être est-ce alors mon échec dans la compréhension que j’exècre, je voudrais bien l’admettre, mais il est d’autres expressions qui ont exigé du temps pour me permettre d’y accéder et je n’ai pour elles qu’admiration et dévotion (cf. « Déménager à la cloche de bois » par exemple). La vérité est donc ailleurs.

Ce ne peut non plus être un côté grenouille de bénitier qui me fasse fuir le sens, j’aime les grenouilles et particulièrement leurs cuisses fuselées et délicieuses; non, vraiment, rien à trouver par là.

J’ai beau chercher chez les sachants, aucun n’émet de convaincante explication sur l’origine de ce biscuit : les vaseuses tentatives sur la forme du boudoir¹ me laissent plutôt pantois et je vous l’ai dit plus haut, tremper un croissant dans le café ne me rebute point. Je n’aime pas tremper son biscuit et puis c’est tout.

Même le suranné a quelques fois des arrogances que l’on ne saurait supporter. Tremper son biscuit est l’une d’entre elles. Je n’en use donc jamais et contribue très largement à l’envoyer paître là-bas très loin dans les limbes de l’oubli. Vous m’en voudrez peut-être si vous l’utilisez, ne soyons pas fâchés pour autant. Trempez, trempez votre biscuit si tel est votre bon plaisir et puis le jour où vous aurez juste besoin du grand amour, oui du torride, de celui qui fait battre le cœur un peu trop vite, je suis où vous savez.

¹Et qui plus est La Philosophie dans le boudoir est à relire de suite si elle n’est pas votre livre de chevet.

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