La scène la plus surannée du cinéma mondial [la sɛn la ply syʁane dy sinema mɔ̃djal]

[la sɛn la ply syʁane dy sinema mɔ̃djal] (récomp. CINÉ.)
De Charlie Chaplin à Orson Wells, d’Alfred Hitcock à Fritz Lang, de Michel Audiard à Jean-Luc Godard, le cinéma mondial ne manque pas d’auteurs, d’acteurs, de répliques et de scènes surannés. Aussi décider d’afficher ici quelle était la scène la plus surannée du cinéma mondial ne fut-il pas une simple partie de plaisir. Comme vous le savez déjà (sinon cliquez ici), c’est le Haut Conseil en Surannéité qui se réunit pour décider de cela (un homme à lui tout seul, même le plus brillant, ne pourrait endosser tant de responsabilités). Et le Haut Conseil a ainsi fulminé en son âme et conscience.

Les scènes candidates étaient évidemment nombreuses.

Parmi elles Charlot « Le Dictateur » discourant… ou encore l’ombre du tueur d’enfants se profilant sur l’affiche et ses lettres gothiques de « M le maudit », Romy Schneider et Alain Delon s’enlaçant au bord de « La Piscine », Grace Kelly au bras de Cary Grant dans « La main au collet », Raoul Volfoni s’interrogeant sur la connaissance de sa personne et la santé mentale de Fernand Naudin dans « Les Tontons flingueurs », les yeux d’Henri Fonda dans « Il était une fois dans l’Ouest », Gabin hurlant à Jambier que désormais il exige deux mille Francs dans « La traversée de Paris », Belmondo et Gabin réclamant deux Calva dans « Un singe en hiver », le P’tit Gibus nous chantant les aventures de son pantalon qu’est décousu dans « La Guerre des boutons », Grace Kelly prenant soin de James Stewart dans « Fenêtre sur cour » et des dizaines d’autres moments que tous les effets spéciaux son Dolby surround 3D j’en passe et des meilleurs ne sauraient taquiner.

J’en vois un qui s’agite me lançant du Shining, du Star War, du Pilote dans l’avion, du Bronzé et du Tarantino. Halte-là l’excité ici on traite du suranné, pas du branché ou du culte ! On n’est pas chez les Inrocks camarade. Pour les classements et les avis branchés c’est la porte à côté.

Il aura donc fallu des mois de réflexion et de débats passionnés pour arriver à décider de la scène la plus surannée du cinéma mondial.

Une plage bordée de légères vagues, un cheval arrive par la droite. Il laisse des traces dans le sable. Le soleil se reflète dans les flots, éblouissant. Une forme inconnue et statique, hiératique, pénètre dans le champ sur la gauche. Le cheval stoppe. Un homme et une femme sur son dos. Ils montent à cru. L’homme est torse nu. C’est la capitaine George Taylor. Ils avancent à nouveau et la forme est hors champ, peut-être passent-ils devant. Comme ils descendent de leur monture les pieds dans l’eau un léger travelling amène en premier plan de rigides et immenses formes pointues et agressives qui surplombent ces êtres bien vivants mais petits, si petits. La femme tient le cheval par ses rênes. L’homme s’avance un peu plus et une vague plus forte lui arrive aux genoux. Il étouffe « Oh mon Dieu… ». Il baisse la tête et s’effondre à genoux. « Alors ils l’ont fait… ». La femme ne semble pas comprendre, mutique. Il hurle en frappant le sable et les vagues impassibles viennent le recouvrir sans pour autant le bouger. Il est à sa colère. La femme lève les yeux en l’air et le champ s’élargi sur la gauche.

Dans sa main droite la Statue de la Liberté tient encore sa torche. Trois pointes de sa couronne sont tordues. Sa tablette émerge des flots. Elle est coupée au buste, plantée là dans le sable entre mer et falaise. Les vagues viennent se briser devant elle.

 

La Planète des singes (Planet of the Apes), 1968. Réalisation : Franklin J. Schaffner.
Cette scène la plus surannée du cinéma mondial a été tournée à Malibu (Zuma Beach).

 

 

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