Briller comme un étron de chien dans une lanterne [brijé kòm‿ ên‿ étrô de Sjê dâz‿ yn lâtèrn]

Fig. A. Rare photographie d’un homme brillant comme un étron de chien dans une lanterne.

[brijé kòm‿ ên‿ étrô de Sjê dâz‿ yn lâtèrn] (loc. dépréc. MERD.)

Fiat lux et facta est lux, que ce soit au feu des torches paléolithiques, au clair obscur des chandelles médiévales, à l’étrange halo des becs de gaz du Progrès, à l’incandescence des filaments de la fée électricité.

Depuis que le mec des mecs a voulu que la lumière soit, la brillance est l’étalon de la valeur. Plus ça chatoie et plus ça flambe, plus ça vaut son pesant d’or, c’est ainsi.

Autant dire que quand ça brille comme un étron de chien dans une lanterne on ne fait pas vraiment dans le précieux ou l’onéreux.

Il se pourrait même que l’expression ait été fabriquée à destination de tout ce qui ne vaut pas un kopeck¹ ou même un fifrelin, des trucs qui ne cassent pas trois pattes à un canard.

La démarche scientifique étant la source du langage suranné et de son appréciable sophistication, il aura évidemment fallu attendre qu’un chercheur se décide à tenter l’éclairage à base de déjection canine pour constater que ça ne luisait pas, voire que ça nuisait à la visibilité, et ce faisant poser la base d’une expression au demeurant utile.

Briller comme un étron de chien dans une lanterne fera alors florès en ces temps où l’on n’hésite pas à dire subtilement ce qu’il mérite à un médiocre, à désigner vil et mal sans trop leur laisser croire qu’ils pourront s’en tirer.

Cet homme brille comme un étron de chien dans une lanterne

« Cet homme brille comme un étron de chien dans une lanterne » désignera par exemple le falot se prenant pour une lumière, le fat frimeur se pensant entouré d’une aura (cf. fig. A). Et l’expression s’appliquera aussi avec succès à leurs diverses entreprises que ces sots imagineront remarquables : l’éclairé l’est bien peu lorsqu’il attise la flamme à la crotte de Médor.

Une certaine prise de conscience hygiéniste des propriétaires canins raréfiera la matière première qui attendait jusqu’alors sur les trottoirs de grandes villes qu’un chanceux y marche de son pied gauche et rendra dès lors plus ardue l’utilisation de briller comme un étron de chien dans une lanterne.

La rutilance du crétin moderne ne diminuera pas pour autant.

Le blanc-bec fait plutôt dans le bling bling désormais. Ça salit moins mais ça pue toujours autant.

¹Soit 1/100de rouble.

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