Le surgé et le pion [lə _syʁʒe_ e lə pjɔ̃]

Fig. A. Élève collé par le pion. Collec. privée.

[lə _syʁʒe_ e lə pjɔ̃] (pers. LYC.)

Figures tutélaires du bahut, le surgé et le pion ont terrorisé à eux deux des générations entières d’élèves.

Stupeur et tremblements animaient les malheureux fautifs ou les supposés tels car la demi-mesure et l’objectivité n’étaient pas les qualités premières des susnommés. On tirait d’abord on discutait ensuite. Heures de colle à gogo, flicage des amoureux entreprenants, rappels à l’ordre solennels et virils, tours de cour au p’tit trot, la palette de leurs armes de répression était créative et sans fin.

Ces deux lascars nous en ont fait voir de toutes les couleurs; et ont fait naître en nous un formidable instinct de survie qui aujourd’hui nous sert tout autant en cas de réunion pénible, remise de prix interminable, discours fatigant, visite impromptue d’une vieille arrière-grande-tante mal rasée. « Pas vu, pas pris » notre devise face au surgé et au pion est désormais tatouée là sur mon cou (je déconne mais c’est pour faire viril comme dans Mon Légionnaire).

Les deux Raminagrobis des couloirs, vils greffiers aux pattes de velours, ont disparu, laissant leur place aux CPE et à d’autres tortionnaires de la belle adolescence dont l’acronyme m’échappe.

Ils sont entrés au Panthéon du lycée suranné, celui où l’on faisait les cons mais celui où l’on se levait lorsqu’ils entraient dans une salle, celui dont on séchait les cours pour aller faire un baby mais celui qui avait un drapeau au fronton sans que personne n’y voit autre chose que les couleurs de la République.

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