Elvis has left the building [ˈɛlvɪs ˈhæz ˈlɛft ðə /buildi/]

Fig. A. Before Elvis has left the building.

[ˈɛlvɪs ˈhæz ˈlɛft ðə /buildi/] (loc. angl. ROCK.)
Bien que la langue française soit la plus noble représentante du genre suranné (les latine et grecque s’avérant hors concours), il faut savoir reconnaître à l’anglaise états-unienne une production de qualité à défaut de quantité.

In english in the text suranné (en angliche dans ze texte suranné) il n’est pas que my tailor is rich mais également une formule rockabilly visant à signifier la fin de toute forme d’espérance ou, comme on dit de ce côté de l’atlantique, que les carottes sont cuites.

Elvis has left the building, généralement utilisée comme telle y compris en français où sa traduction littérale en Elvis a quitté le bâtiment appauvrirait nettement l’idée, porte cette lourde charge.

Elle fait bien entendu référence au roi du rock, à l’icône de Memphis, au plus prestigieux porteur de banane gominée qui soit : Elvis Presley.

Elvis has left the building fut prononcée pour la première fois le 15 décembre 1956 par Horace Logan, patron du Louisiane Hayride, sorte de radio crochet – puis de télévision crochet – qui révéla l’homme au jeu de bassin chaloupé et quelques autres stars de la country.

La phrase initialement destinée aux admiratrices émoustillées par les possibilités que laissaient entrevoir les performances scéniques du jeune homme qui n’entendaient pas quitter le Shreveport Municipal Memorial Auditorium avant d’avoir pu lui arracher son tricot de peau ou son slip kangourou, deviendra rapidement l’expression d’une fin de non recevoir de toute avancée en quelque matière que ce soit.

Non c’est non

Elvis has left the building quand la négociation sur les quotas laitiers ne fera plus un pas, Elvis has left the building quand le SMIC n’augmentera pas d’un centime de plus, Elvis has left the building quand un tiens vaut mieux que deux tu l’auras et que tu n’auras rien de plus.

Quand Elvis has left the building les pucelles comme les rombières peuvent aller se rhabiller : il ne reviendra pas. Autrement dit, non c’est non. Terminarès. Finito.

Au cours de sa carrière Elvis leftera le building un bon nombre de fois (non sans attraper au passage une ou deux de ces blondinettes à couettes qui s’agitaient devant la scène, mais ceci est une autre histoire) et contribuera ainsi au succès international de l’expression, France incluse.

Fig. B. Elvis Presley et Richard Nixon qui tentera lui aussi – mais sans succès – de left the building du Watergate.

Le 16 août 1977 Elvis left the building (en l’occurence sa maison de Graceland, Memphis, Tennessee) pour une destination secrète où il sera rapidement rejoint par Claude François et Alain Colas afin de passer le reste de son règne à glander sans la pression infernale des fans au béguin délirant.

Une habile campagne de propagande fait croire à sa mort et près de cent mille personnes accompagnent son cercueil vide jusqu’au cimetière de Forest Hill.

Dans la foulée Elvis has left the building est retirée du langage pour devenir surannée.

Le très soviétique et catégorique Никого нет¹ et son raccourci en niet reprennent du poil de la bête en même temps qu’un plus franco-français circulez y’a rien à voir.

L’époque moderne qui point fait dans le directif; elle sera nettement moins rock’n roll.

¹Il n’y a personne.

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