Ne pas attendre cent sept ans [ne pa atâdre sâ sèt â]

Fig. A. Notre-Dame de Paris.

[ne pa atâdre sâ sèt â] (loc. temp. NOT.DAM.)

C‘est au temps qu’il fallut pour construire Notre-Dame de Paris¹ que le langage suranné doit l’expression ne pas attendre cent sept ans.

Elle traduit l’impatience de l’amoureux transi qui attend qu’Elle lui jette un regard aussi bien que l’angoisse de sœur Anne qui ne voit rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie.

Certes on y sent une pointe d’agacement (il faut se mettre un instant à la place du riverain de l’île de la Cité que les travaux irritent, ou du croyant qui pensait pouvoir aller à confesse pour se faire pardonner un ou deux trucs), mais ne pas attendre cent sept ans est surtout un hommage au travail des compagnons charpentiers, tailleurs de pierre, sculpteurs, verriers, plâtriers, ébénistes, forgerons, bâtisseurs de cathédrales qui se succédèrent sur l’ouvrage.

Grâce à leur ténacité, il n’y aura pas de mou dans la corde à nœuds et l’édifice pourra déployer ses cent vingt sept mètres de longueur, ses quarante huit de largeur, ses soixante neuf de hauteur de tour en toute quiétude; et les gargouilles hiératiques contempler Paris.

Le moderne qui veut tout tout de suite avait évidemment poussé ne pas attendre cent sept ans hors de son chemin d’homme pressé. Hop, en surannéité ! Un peu comme on pousserait mémé dans les orties.

Il a bien heureusement aussi des qualités : il n’attendra pas cent sept ans pour la reconstruire après ce triste quinze avril de flammes infernales. C’est certain.

¹À quelques années près, certes, mais les temps surannés n’avaient pas la même durée que les contemporains.

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