La boîte à Perrette [la bwat a pérèt]

Fig. A. Imp. Fourquemin (Paris), 1843.

[la bwat a pérèt] (n. comp. AFFA.)

Bien que la rectification orthographique de la fin du XXᵉ siècle ait ôté son accent circonflexe à la boîte, celle dont nous étudions les arcanes en ces lignes datant de 1695 il est de rigueur de le laisser chapeauter son « î », c’est ainsi.

Contrairement à la légèreté apparente de sa préposition introduisant un complément d’appartenance sous forme de nom¹ qui a pu égarer plus d’un usager du langage imaginant que la boîte à Perrette était synonyme du Macumba ou du Starflash Laserline Hatchin’ Club¹ où se dandinait alors la jolie Perrette (mais ceci est une autre histoire), l’expression renferme un très lourd secret : celui des finances secrètes des lecteurs hérétiques de l’Augustinus, jansénistes qui s’attireront les foudres de Louis XIV et des papes à une époque où l’on de rigole pas avec l’autorité.

La boîte à Perrette est en effet la cassette confiée à sa servante par Pierre Nicole, alias Optatus theologus, qui va grâce à de nombreuses contributions subvenir aux besoins des prêtres privés de charge et soutenir diverses œuvres jansénistes jusqu’en 1802 où elle sortira de la clandestinité pour devenir la Société de Port-Royal.

Un siècle d’existence qui aura permis à la boîte à Perrette de devenir la formule sibylline désignant toute caisse secrète en charge du financement d’actions pas toujours très catholiques (un comble).

Taper dans la boîte à Perrette pour graisser des pattes puissantes ou payer des sbires fracturant sans facture s’avèrera être une pratique suffisamment répandue pour qu’éclatent de-ci de-là quelques scandales vengeurs sans que toutefois ne soit jamais mentionnée l’expression en question.

La boîte à Perrette est un secret bien gardé et il est hors de propos que ses desseins puissent être révélés au grand jour. Ce pourquoi la boîte à Perrette ne deviendra jamais une expression populaire, la seule caisse noire venue du monde cheminot se chargeant d’endosser l’opprobre en cas de prise la main dans le pot de confiture.

Malgré l’affaire de *********, malgré le financement du ***, malgré les matchs truqués de l’**, malgré la disparition prématurée de ****** ******, la boîte à Perrette ne s’étalera jamais sur cinq colonnes à la une, demeurant un nom de code suranné.

Ce n’est pas ******** ****** qui s’en plaindra, pas plus qu’ ****** ***** et encore moins *** *** ********.

¹ »On ne peut plus l’employer entre deux noms, comme on le faisait dans l’ancienne langue, sauf dans des locutions figées (une bête à Bon Dieu), par archaïsme ou dans un usage très familier » nous précise l’Académie française.
²Celui où l’on dansait le mia.

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