Chanter la palinodie [Sâté la palinòdi]

Fig. Q. 🎶Je suis pour le communisme 
Je suis pour le socialisme 
Et pour le capitalisme 
Parce que je suis opportuniste🎶.

[Sâté la palinòdi] (loc. verb. AHHHHHHH)

Attribué tantôt à la sagesse proverbiale, tantôt au Général de Gaulle, tantôt à ma grand-mère, « il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis » marque la clairvoyance qui procède (parfois) de l’écoute d’un avis différent.

Qui change d’avis comme de chemise n’est cependant pas toujours un éclairé de la jugeote et peut tout au contraire agir comme un opportuniste prêt à tous les reniements¹. La langue surannée dira dans le cas de ce butor qu’il n’est bon qu’à chanter la palinodie.

Attention : chanter la palinodie ne suppose pas de connaître le solfège ou de posséder une voix de ténor. La plus simple des tessitures suffit puisqu’il s’agit simplement de dire aujourd’hui le contraire de demain et vice versa. Autrement dit, de retourner sa veste. Et dans ce cas une petite voix mal placée suffit amplement.

C’est Stésichore, poète grec qui versifia vers moins cinq cents et des brouettes, qui le premier chanta la palinodie et créa ainsi l’expression (Παλινωδία).

« Non, ce discours n’est pas vrai,
Tu n’es jamais montée sur les navires aux beaux bancs de rameurs,
Tu n’es jamais entrée dans la citadelle de Troie. »

Le malheureux devenu aveugle suite à quelques vers de trop soulignant la propension de la belle Hélène à faire apprécier sa beauté par d’autres que son roi de Sparte de mari (une manie qui déclenchera la guerre de Troie, mais ceci est une autre histoire), recouvra la vue dès qu’il eut rimaillé le contraire ou chanté la palinodie comme on se mit à dire en grec².

Dès lors, avec l’aide de diverses techniques psychologiques (pinces, gégène, bûcher, etc.) les mauvais penseurs se mirent à chanter la palinodie en chœur, accompagnés par l’ensemble des petits chanteurs de la pensée opportune toujours présents pour bien donner le La.

C’est paradoxalement un succès – au hit parade – qui va envoyer chanter la palinodie en surannéité.

Septembre 1968 : L’Opportuniste. Sur des paroles de Jacques Lanzmann et Anne Ségalen, Jacques Dutronc chante la palinodie, nous décrivant par le menu les vicissitudes circonvolutoires d’un renégat professionnel envisageant de terminer comme le roi Dagobert, la culotte à l’envers.

Ne supportant pas la lumière soudainement pointée sur ses fourbes agissements, l’expression chanter la palinodie va se faire oublier.

Il se murmure cependant que les chanteurs, eux, ne seraient pas devenus surannés.

¹Notons que pour se renier il faut tout de même avoir des idées ce qui est au demeurant rarement le cas de celui qui chante la palinodie.
²Castor et Pollux, frères d’Hélène, lui avaient jeté un sort.

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