Tirelipimpon sur le chihuahua [tirlipêpô syr le Siÿaÿa]

Fig. H. Chihuahua bien tirelipimponé.

[tirlipêpô syr le Siÿaÿa] (form. ritu. BAGAT.)

Si la créativité linguistique s’exerce de façon aussi pointue dans le domaine de la bagatelle que celle que nous allons étudier, c’est bien qu’il existe un tabou à nommer directement ce qui relève de l’exercice luxurieux avec les mots du quotidien.

Litote et néologismes peuvent heureusement voler au secours de celui qui veut nous conter les exploits de Popaul, rendant le récit compliqué pour qui ne maîtrise pas le langage suranné. En effet, comment aboutir au plaisir sans comprendre toute la technique qui se cache derrière tirelipimpon sur le chihuahua ?

Pouvant passer au premier entendement pour une formule exprimant l’affection portée au plus petit chien qui soit, originaire d’un Etat mexicain du nord, tirelipimpon sur le chihuahua est en réalité l’énonciation joyeuse d’une pratique libidineuse consistant, comme sa construction l’indique, à se faire tirelipimponer le chihuahua.

Comme le précisait le poète dans son ode à la chose¹ (« tirelipimpon sur le chihuahua, tirelipimpon avec la tête avec les bras, tirelipimpon un coup en l´air un coup en bas, touche mes castagnettes moi je touche à tes ananas »), le tirelipimpon sur chihuahua est prioritairement effectué par une tierce personne de façon manuelle ou buccale en pratiquant un mouvement de bas en haut. Et l’on imagine assez mal remuer de la sorte le chihuahua de Beverly Hills ou d’ailleurs, sous peine d’estourbir la pauvre bête et ses dix centimètres au garrot : le chihuahua se manipule en effet avec doigté.

Bien qu’issu d’un croisement entre ettechichis et de tapeitzcuintles, chiens nus amérindiens, le chihuahua adulte est à poils, courts ou longs. L’opération consistant à le raser totalement doit être effectuée avec la plus grande précaution, l’animal qui a tendance à bouger pouvant être blessé.

Tatoumi la number one des geishas

Tirelipimpon sur le chihuahua connut un succès foudroyant en plein cœur des années surannées grâce à l’hymne musical qui lui fut dédié, gaiement entonné par un séducteur patenté nous chantant ses exploits chihuahuesques en Guadeloupe, avec Banana la fille du roi vaudou, à Tokyo, avec Tatoumi la number one des geishas, sur le Nil, avec Osiris la madona des harems, puis avec Sophie du Burundi qui fait danser les bananes.

Ce tour du monde du tirelipimpon sur le chihuahua fut très peu apprécié des modernes qui bannirent la chanson pour incitation à la débauche et envoyèrent par la même occasion tirelipimpon sur le chihuahua au rancart suranné. Quelle misère…

¹Le tirelipimpon, Carlos, 1989, A. Demarest – Mam Houari, EMI Pathé Marconi.

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