Brimborion [bʁɛ̃bɔʁjɔ̃]

Fig. A. Sèvres.

[bʁɛ̃bɔʁjɔ̃] (n. m. SOUTEN.)

Ah vous voilà désarçonnés, habitués que vous étiez au suranné grossier ou tout du moins fleuri. Eh bien sachez mes bons amis qu’il peut être tout autant soutenu.

Et nous voici en la présence de brimborion, forme littéraire et brillante de la babiole.

Comme quoi l’on peut être insignifiant et valoir son pesant de cacahuètes en langue surannée. Je vous arrête de suite, car j’ai lu cette tentation dans vos yeux pétillants, brimborion ne s’attache qu’aux objets. N’espérez ainsi pas qualifier de la sorte le galvaudeux de passage ou la péronnelle qui vous fatigue. Dommage dites-vous ? Oui, parfois, je le concède, mais la forme a aussi le droit d’avoir ses propres exigences.

Or donc le futile, le si peu important, l’objet sans fonction objective, peut se parer de joli suranné. Voilà qui est cocasse. Mais tenez vous au bastingage, vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Apprenez donc ici que la bonne ville de Sèvres possède une avenue Brimborion. Quel paradoxe ! Une avenue de l’insignifiant en quelque sorte, un hommage majestueux au presque rien, au truc, au machin, un pied de nez aux avenues du Général Leclerc, aux places de la République, aux boulevards de la Victoire qui pullulent en nos villes de France.

A Sèvres on cultive le petit, le trois fois rien et la bricole. Un héritage de Madame de Pompadour. Et la Marquise s’y connaissait en futilités et autres ronds de jambes.

Il me plaît bien que l’anodin, le léger, le menu, le frivole même gagne son heure de gloriole avec ce brimborion. A force de discours graves, de moments ampoulés et d’hommages pompeux on allait oublier le superflu. Pourtant, il est bien essentiel.

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