Foucade [fukad]

Foucade

Fig. A. Foucade.

[fukad] (n. f. FAM.)
Le suranné est jouisseur là où le moderne est terne. Je m’explique : autant la foucade est emportement (de préférence amoureux) et fougue pour l’avant, autant elle est caprice et déraison pour l’aujourd’hui.

Mais enfin époque, que t’es-t-il arrivé pour que tu changes le sens à ce point ? Quelle vilaine mouche t’a donc piquée pour que tu en viennes à faire de la foucade et de sa révolte des sens une banale et vulgaire impatience ? Et je dis ça pour la foucade mais je pourrais l’écrire pour mille mots.

La foucade s’initie au détour d’un parfum bien porté, se nourrit d’un regard furtif, se vit dans l’urgence du temps qui s’effiloche, et meurt de satiété. Il ne faut pas céder, ne pas trop l’abreuver, pour la laisser grandir. Elle est légère et grave, elle nous fait haleter et si elle disparaît elle laisse une cicatrice. Croyez-vous réellement qu’un caprice aurait autant d’effets ?

N’abdiquez pas, je vous en prie. Que vous parliez en verlan ou en vers, que vous soyez né avant-hier ou hier, perdez-vous en foucades.

Et si tu es sérieux, rigide comme un coup de trique, je te plains camarade.

“Il se dessine de façon tangible, dans votre génération qui monte, mon camarade, une espèce d’ambition glacée d’arriver par le fric et un mépris cynique de tous les idéaux assez peu compatible avec l’idée qu’on se fait de la jeunesse éternelle génératrice de fougues irréfléchies et de colères gratuites.”

Pierre Desproges

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