Walkman [walkmɑ̃]

Fig. A. Ancêtre d’Akio Morita marchant avec son stock de 78 tours porté par deux serviteurs. Musée Sony.

[walkmɑ̃] (marq. dép. REALIT.)
田 昭夫. Akio Morita, pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue du pays du soleil levant, peu nombreux parmi vous mais on ne sait jamais.

Akio Morita qui, oserons-nous le rappeler, fut un physicien japonais et surtout le fondateur de Sony. Akio Morita qui inventa (comme le veut la légende industrielle) l’un des plus forts symboles de cette jeunesse sophiemarcienne¹ à pull grosse maille et écharpe façon baroud achetée à Clignancourt : un appareil à écouter de la musique pour l’homme qui marche.

À toutes fins préventives nous signalerons ici refuser fermement tout débat sur le genre qui nous amènerait à discuter de l’opportunité d’avoir nommé Walkman plutôt que Walkwoman cet outil merveilleux et désormais suranné. Pour celles et ceux qui insisteraient vivement, merci de bien vouloir vous contenter d’un lapidaire : la question ne se posait même pas à cette époque. C’est donc Walkman et puis c’est tout.

田 昭夫

Le Walkman fut imaginé par le cerveau fertile et créatif du grand patron de la Tokyo Tsushin Kogyo Kabushiki Kaisha (qui deviendra Sony en 1958) qui voulait s’adonner à sa passion du golf tout en écoutant ses musiques préférées.

Que l’histoire soit vraie ou non importe peu, elle est nettement plus glamour qu’un compte-rendu de réunion de l’unité Recherche & Développement de la Direction du Marketing, qui plus est en hiraganas, katakanas et kanjis que nous peinerions bien à décoder.

Le1er juillet 1979 sort donc dans les boutiques d’Akihabara le TPS-L2 bleu et gris de 390 grammes, son bouton jaune poussin et son casque ajustable avec mousse bleutée sur les oreillettes. L’onde de choc est mondiale. Walkman va conquérir la planète au point de devenir appellation générique : consécration.

En proposant d’écouter des cassettes à partir d’un appareil aussi petit et donc transportable, Walkman ouvre le siècle de la mobilité et du sans fil, folie science-fictionnesque à une époque où, par exemple, le téléphone a un cache en velours et la chaîne HI-FI tant de câbles en tous sens que seul un technicien assermenté peut l’installer. Et que dire de son casque, outil de prestige jusqu’alors réservé aux techniciens de studios d’enregistrement… Qui n’a pas rêvé de le poser sur les oreilles d’une blondinette tandis qu’il diffusait Reality ? Mais ceci est une toute autre histoire.

Le clac de fermeture du compartiment à cassette, le squouitch de la mise sur pause quand maman qui appelle au déjeuner fait de grands gestes menaçants puisqu’elle est inaudible, le rembobinage des cassettes au stylo bille… sont autant de sons, d’attitudes, de savoir-faire que l’on doit au Walkman. Des expertises étiolées dans une modernité qui juge désormais le Walkman trop encombrant, trop lourd, peu esthétique, bref désuet. L’auto-reverse de 1989 (modèle WM-DD9 du Walkman) sera le chant du cygne prolongé jusqu’au WM-WE01 de 1999 avec sa télécommande et ses écouteurs sans fil.

Le passage au suranné du Walkman peut être daté du 

Mais l’individualiste iPod s’avèrera tout le contraire du complice Walkman; pour les modernes qui en doutent, prenez le temps de visionner La Boum, film de Claude Pinoteau sorti en 1980, on en reparle après. Mais vous vous en fichez certainement, vous qui ne dansez plus de slow.

¹Néologisme suranné bâti sur le prénom et nom de Sophie Marceau, période La Boum.

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