Conter fleurette [kɔ̃te flœʁɛt]

Fig 1. Conter fleurette à la belle blonde.

[kɔ̃te flœʁɛt] (gr. verb. AMOU.)

Conter fleurette date du temps des billets doux à l’encre de Chine, quand prendre la plume avait une force, quand le bel orthographe faisait minauder tout autant que le beau parler. Autant dire qu’il s’agit d’une autre époque voire d’une autre planète.

Aujourd’hui on pécho à coup de 06 à la syntaxe martienne et un émoticône remplace le papier parfumé pour la subtilité. La fleurette a bel et bien fané. Conter fleurette s’en est allé, peut-être est-il caché dans une prairie ensoleillée, peut-être est-il occis par Monsanto et la télé-réalité qui n’ont que faire du temps d’avant.

Viens mignonne, allons quand même voir si la rose qui ce matin avait déclose, etc.

 

Folâtrer [fɔlɑtʁe]

Fig. A. Eau forte : « folâtrer ».

[fɔlɑtʁe] (verb. LÉG.)

Dans une époque pétrie de rentabilité, d’efficience et de rendement, folâtrer est devenu suranné en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, même en insistant longuement sur son â accentué… C’est dire.

Coupable est désormais celui qui s’en ira batifoler dans les herbes ou qui simplement prendra le temps de humer ce parfum de gazon que l’on tond au printemps. Vilipendé sois-tu si par hasard tu avais pris un moment pour t’asseoir sur un banc et regarder les enfants s’inventer un monde qu’il n’auront pas le courage de bâtir une fois devenus grands. On ne folâtre plus camarade d’ici bas. Garde ce verbe pour tes lectures si tu en as encore, oublie-le il est d’un autre temps.

Hôtel de la Plage [otɛl də la plaʒ]

Fig. A. L’hôtel de la plage.

[otɛl də la plaʒ] (lieu. HÔT.)

Où qu’il se cache ou se pavane, sur quelque côte que ce soit, fouetté par les embruns ou caressé par le soleil, l’Hôtel de la Plage est là, majestueux, sage, doux, amical et accueillant. Tant de belles choses depuis tant de générations se sont jouées sous ses fenêtres qu’il pourrait nous en parler pendant des heures de ces rencontres, de ces regards, de ces premières fois; mais il se contente de nous cajoler avec bienveillance du haut de son enseigne peinte qui n’a pas dû bouger depuis cent ans. L’Hôtel de la Plage est le lieu de vacances le plus suranné qui soit avec ses escaliers en bois ciré, ses portes lourdes qui grincent un peu, ses armoires normandes, ses édredons… Je n’y vais plus depuis longtemps.

J’y reviendrai.

Péronnelle [pɛʁɔnɛl]

Fig. A. Péronnelle baguenaudant.

[pɛʁɔnɛl] (fem. CON.)

La péronnelle aime à pérorer. C’est un fait. Et plus la péronnelle pérore plus elle devient décor. La péronnelle picore, elle va de ci de là minauder quelques idées banales dont elle aimerait nous faire croire qu’elles ne sont pas si niaises. Mais las, la péronnelle nous lasse avec ses fadaises qui n’ont même pas l’ultime vertu de la mettre mal à l’aise.

Notons que la langue surannée a toujours le délicieux égard de traiter la gent féminine avec des mots révérencieux. Pour un homme, péronnelle se dit « importun ». Voire « con ».

 

Faire le zouave [fɛʁ lə zwav]

Faire le zouave

Fig. Z. Infanterie française et ses Zouaves.

[fɛʁ lə zwav] (bêti. ALMA.)

Il y avait de l’affection, j’en suis certain, quand mon père me tançait d’arrêter de faire le zouave.

Ce protagoniste là (je parle de moi) n’avait alors pas grand-chose de nuisible, il faut bien le reconnaître, sans son uniforme singulier à la culotte rouge si reconnaissable et son fusil à baïonnette. Et puis les dégâts que je pouvais commettre étaient tout de même bien loin de ceux d’un régiment de biffins du Second Empire.