[le _kudjɛʁ_] (n.m. MOD. PARAD.)
Deux concepts complexes, j’en conviens, à envisager de concert : la mode et le suranné.
Deux concepts complexes, j’en conviens, à envisager de concert : la mode et le suranné.
Automne et températures frisquettes obligent, voici que la goutte au nez revient et avec elle son corollaire : le mouchoir.
Un rapide aparté sur le reniflement et le mouchage dit « à la russe » particulièrement apprécié des réalisateurs sportifs (puisqu’ils nous le filment en gros plan) et des footballeurs (puisqu’ils en abusent à satiété) : c’est dégueulasse et pis c’est tout.
Revenons donc au mouchoir.
Avec la robe à smocks voici donc le retour de ma face la plus sombre : mon côté tratra. Car oui je le proclame, la robe à smocks avec ses fronces multiples et son col Claudine intègre haut la main le dressing suranné de la femme à la mode. Nul ne saurait le contester sauf à faire preuve d’une évidente mauvaise foi. Et si elle est portée comme il se doit, c’est à dire avec socquettes et souliers vernis de bon aloi, alors elle est vertu et innocence. Ah Mary et Laura Ingalls gambadant dans la prairie, accompagnant ce juste Charles jusqu’à la scierie ou aidant la douce et belle Caroline à ramasser les haricots… Ah, la robe à smocks est un délice. Et voilà, vous me faites divaguer. Et qui c’est qui va encore avoir maille à partir avec les féministes de la #team1erdegré ?
Conter fleurette date du temps des billets doux à l’encre de Chine, quand prendre la plume avait une force, quand le bel orthographe faisait minauder tout autant que le beau parler. Autant dire qu’il s’agit d’une autre époque voire d’une autre planète.
Aujourd’hui on pécho à coup de 06 à la syntaxe martienne et un émoticône remplace le papier parfumé pour la subtilité. La fleurette a bel et bien fané. Conter fleurette s’en est allé, peut-être est-il caché dans une prairie ensoleillée, peut-être est-il occis par Monsanto et la télé-réalité qui n’ont que faire du temps d’avant.
Viens mignonne, allons quand même voir si la rose qui ce matin avait déclose, etc.
Si le caractère hallucinant et totalement dépassé du bonnet de nuit ne fait aucun doute, il convient néanmoins de se pencher un instant sur ses fonctions et utilités. Ce sera donc le débat blogueuse de mode ou fashion police du jour. Comme vous le savez sans doute, l’endormissement est plus rapide et le sommeil de meilleure qualité lorsque les extrémités du corps sont chaudes et protégées.
Dans une vie si lointaine que je me demande parfois si je ne l’ai pas imaginée j’ai joué au tennis. Modeste compétiteur de quartier, je finissais ma brève carrière sur un 30/2, pas de quoi casser trois pattes à un canard ou de faire trembler les cadors d’alors, donc.
Socquette est au vestiaire l’une des marques les plus chargées en suranné (je parlerai un autre jour des bas et de la voilette). Car la socquette nous vient de la Communale ou de l’école buissonnière c’est selon, mais en tout cas d’une époque où la guerre des boutons faisait rage, et où, va savoir pourquoi, la gambette avait lieu de paraître alors que la cheville devait rester cachée. Notons au passage que cette mode aujourd’hui singulière demeure d’actualité au pays du Soleil Levant où la socquette habille les écolières en jupe plissée. La socquette c’est le tableau noir et la craie, l’éponge de feutrine poussiéreuse, l’encre et les dix sur dix. La socquette c’est un mot qui claque à l’énoncé, aussi sévère que l’attitude professorale un jour de thème ou de version.
Si socquette a rejoint la galerie surannée, elle n’a pour autant pas disparu, se mutant en sportive branchée (sa grande sœur chaussette de tennis irradiant le ringard), en sans couture confortable pour androgyne en jean, en invisible aux vertus désodorantes; eh oui on est loin du glamour. Heureusement en acquérant ces fonctions terriblement modernes elle a changé de nom. La socquette appartient au passé.
Voici quelques jours, on m’interpellait sur le caractère suranné ou non de l’interjection chic !. Il s’avère que la question se justifie pleinement et qu’elle mérite réflexion. Chic est-il réellement suranné ?
Bien évidemment, la mode de la rouflaquette date d’antan. Je la dirais très IIIᵉ République mais on peut en discuter, je suis un mec ouvert.