Catégorie : Pensées

Être bouché à l’émeri [ètre buSé a lémri]

Être bouché à l'émeri

Fig. A. Tire-bouchon déboucheur de bouché à l’émeri. Attention : valable uniquement pour une bouteille. Ne pas utiliser sur un être humain.

[ètre buSé a lémri] (loc. verb. ABRUT.)

Venue principalement de Naxos, magnifique île des Cyclades, la roche métamorphique composée de spinelle et de corindon qu’on appelle aussi émeri, fait depuis l’antiquité dans sa version poudrée, le bonheur des vignerons au moment de la mise en bouteille.

Appuyer sur le champignon [apÿié syr le SâpiNô]

Fig. D. L’amanite, champignon dangereux. Ne pas consommer, ne pas appuyer.

[apÿi syr le SâpiNô] (loc. verb. COLO.)

Vous avez encore le refrain en tête, c’est certain. Celui de cet hymne à la célérité exigée du chauffeur de car qui vous conduit vers la colo, en cet été si chaud d’une année surannée.

Donner des noisettes à ceux qui n’ont plus de dents [dòné dé nwazèt a sö ki nô ply de dâ]

Donner des noisettes à ceux qui n'ont plus de dents

Fig. A. Noisette dure à casser.

[dòné dé nwazèt a sö ki nô ply de dâ] (loc. verb. CARPE DI.)

On trouve dans les chansons grivoises de Gaultier-Garguille, alias Hugues Guéru ou Fléchelles pour les intimes, mention de donner des noisettes à ceux qui n’ont plus de dents. On peut donc affirmer que l’expression nous vient a minima du XVIIᵉ siècle, quand sévissait le comédien et chansonnier. Ce qui en prouve l’évidente surannéité, confortée par la lecture de l’extrait ci-dessous :

Donner deux jambons pour une andouille [dòné dö Zâbô pur yn âduj]

Donner deux jambons pour une andouille

Fig. A. Jambon, andouille et saucisses.

[dòné dö Zâbô pur yn âduj] (loc. verb. BOUCHER.)

Selon certains experts reprenant l’expression de Kipling, il s’agirait « du plus vieux métier du monde »¹. Nous laisserons aux savants leur interprétation sur les origines de la tarification de l’usage du corps, et nous bornerons à examiner ici ce que la langue surannée a su composer pour exprimer la prostitution féminine.

Être du pipi de chat [ètre dy pipi de Sa]

Fig. A. Greffier gicleur.

[ètre dy pipi de Sa] (loc. nom. MIAO.)

Voici que nous posons sur le métier l’une des rares expressions surannées erronées. Oui, il est arrivé à la langue de fourcher. Peut-être avait-elle oublié de tourner sept fois dans la bouche de quiconque le jour de sa création, mais force est de reconnaître que la locution s’est pour une fois fourvoyée.

Y faire autant qu’appeler un chien Jacques [i fèr otâ kaplé ê Sjê Zak]

Fig. A. Jacques-Charles, basset à sa mémère.

[i fèr otâ kaplé ê Sjê Zak] (loc. verb. TOUTOU.)

L‘inanité d’un acte se jauge. Le rien, le vain, l’inconséquent ont pour ce faire deux étalons : l’urine et l’ordre des canidés. Et ce, sans que l’un ait le moindre rapport avec l’autre (bien que l’on connaisse la propension canine à badigeonner de sécrétions angles de murs, poteaux, arbres et d’une manière générale tout sémaphore utile capable de baliser un territoire).

Rue Gama [ry ɡama]

Fig. A. Angle de la rue Gama au XVIIIᵉ s.

[ry ɡama] (n. propr. GPS)

Là où des modèles rationnels de villes classent leurs rues selon des numérotations empêchant tristement le badaud de se perdre (mais ceci est une autre histoire), d’autres optent pour une dénomination et certaines osent l’absence de tout repère officiel.

Ravi de la crèche [ravi de la krèS]

Ravi de la crèche

Fig. A. Ravis de la crèche.

[ravi de la krèS] (loc. nom. ALLELU.)

Voilà une expression désuète dont la datation est aisée. En utilisant le conventionnel calendrier grégorien on la datera du 1. Voire du 01/01/01.

De cet instant où l’on a commencé à compter selon la naissance d’un gonze dans une étable que ses parents-qui-ne-sont-pas-vraiment-ses-parents-mais-sont-quand-même-ses-parents, un âne, un bœuf, trois rois venus du Levant avec moutons et chameaux, et des bergers venus en voisins, contemplaient l’air ravis.

Dire que certains confondent l’allégorie avec l’allitération, l’anacoluthe, l’anacyclique, l’anagramme, l’anaphore, l’antiphrase, l’antithèse et l’assonance parce que toutes commencent par un a.