Catégorie : Langues

Calembredaine [kalâbredèn]

Fig. 1. Buffle ailé en colère monté par Lucifer se préparant à l’attaque. Origine incertaine.

[kalâbredèn] (subst. fém. MENT.)

Comme souvent quand il s’agit de prendre la lumière avec des explications pompeuses, ça se bouscule au portillon. Ceux qui savent ont bien des choses à nous dire sur l’origine d’un mot qui pourrait parfois fort à propos décrire leurs élucubrations mais ils n’en ont cure et font défiler leurs arguments en ferraillant. Car ceux qui savent ne sont vraiment pas d’accord entre eux, les uns glosant sur l’arabe kalem bour (كلام بور), les autres nous parlant d’une histoire de contes germaniques mettant en scène un espiègle abbé du nom de Calemberg.

Se manier le baba [se manjé le baba]

Se manier le baba

Fig. Q. Diverses études callipyges.

[se manjé le baba] (loc. verb. VIT.)

Ne croyez pas que le temps suranné n’ait jamais été celui de l’urgence. Il lui arrivait, lui aussi, de devoir se presser, s’activer, d’accélérer la cadence pour arriver au but un peu plus vite que prévu.

Quand la quiétude devait être troublée pour une raison impérieuse, le langage se dotait d’ordres qui n’en demeuraient pas moins imagés, ce n’est pas parce qu’on est pressé qu’on en est moins suranné tout de même !

Être pris pour un Américain [ètre pri pur ên- amérikê]

Être pris pour un Américain

Fig. A. Il était une fois l’Amérique. Allég.

[ètre pri pur ên- amérikê] (loc. verb. CAPITAL.)

Depuis que tonton Cristóbal est revenu plein aux as des Amériques en 1493, après avoir indexé le taux de change de l’or sur celui de la verroterie selon un savant calcul lui permettant de s’en mettre plein les fouilles (car après tout ce ne sont pas des sauvages en pagne qui vont se mettre à nous causer gros sous), l’habitant des lointaines terres de l’ouest passe pour un nabab de naissance qui n’aurait rien d’autre à faire que partager son immense fortune, éventuellement sous la contrainte.

Avoir l’œil qui frise [avwar lëj ki friz]

Avoir l’œil qui frise

Fig. A. T’as d’beaux yeux tu sais.

[avwar lëj ki friz] (loc. coiff. OCUL.)

Inutile d’aller chez le merlan pour aboutir à un résultat oculaire digne de l’expression surannée étudiée par ici. Et concomitamment nul besoin de courir consulter aux Quinze-Vingts si le symptôme venait vous affecter. Avoir l’œil qui frise n’est nullement dangereux.

Casser la gueule à un enfant de chœur [kasé la ɡël a ên- âfâ de kër]

Fig. A. Hospices de Beaune.

[kasé la ɡël a ên- âfâ de kër] (loc. verb. VIN.)

Nulle violence n’a été exercée contre quelque petit chanteur à la croix de bois pendant la rédaction de cette chronique. Et nous n’y pouvons rien si la langue surannée est parfois un peu gauche et directe dans son imagerie.

Pressez-vous vers l’étude rigoureuse qui suit et vous découvrirez combien la référence liturgique du servant d’autel est aimable. Nettement plus en tout cas que son honni synonyme dont on comprend aisément pourquoi il est aujourd’hui disparu : casser le cou à une négresse.

Se beurrer la tartine [se bëré la tartin]

Se beurrer la tartine

Fig. A. Tartine grillée, tartine beurrée. Fondation de l’Ami du petit déjeuner.

[se bëré la tartin] (gr. verb. ALCOO.)

Attention : l’élément panifié de l’expression étudiée ci-dessous est présent dans tant d’acceptions quasiment toutes surannées qu’il va nous falloir redoubler de précision. N’attaquez cette définition que si vous avez pris un copieux petit déjeuner, c’est un conseil d’ami.

Aller aux fraises [alé o frèz]

Aller aux fraises

Fig. A. Strawberry Fields forever. Magical Mystery Tour, John Lennon, Paul McCartney, 1967.

[alé o frèz] (exp. botan. AMOU.)

C‘est dans les plis et replis d’une langue joueuse qu’il nous faut nous enfoncer, afin de décoder une expression qui, de prime abord, nous envoie faire un tour chez le maraîcher. Bien entendu il n’en est rien, mais ça, vous vous en doutiez déjà.

L’assiette au beurre [lasjèt o bër]

L'assiette au beurre

Fig. A. Dîner avec assiettes bien beurrées. Musée de la porcelaine, Limoges.

[lasjèt o bër] (gr. nom. CUIS. ÉLECT.)

Et l’on pourrait gloser tant et tant sur la France pays de privilèges que toutes les pages de cette pourtant cossue et exhaustive encyclopédie n’y suffiraient pas. Le miracle capétien n’y est sans doute pas pour rien (douze descendants directs de droit divin ça vous installe dans le confort), mais laissons aux historiens et sachants de tout poil le loisir de nous conter la chose.

Courir le guilledou [kurir le ɡijdu]

Courir le guilledou

Fig. A. Félix Faure, président de la république française et grand coureur de guilledou, mort dans l’effort. 1899.

[kurir le ɡijdu] (loc. verb. GUEUS.)

L‘excitation épidermique volontaire s’accompagne généralement en langue française d’une incantation à l’hilarité dénommée guili-guili dont la possibilité d’une connotation libidineuse n’est jamais à exclure. Allons, allons, ne jouez pas les innocents.