Faire sa petite lessive à la main [fèr sa petit lésiv a la mê]

Faire sa petite lessive à la main

Fig. A. Main pour la lessive. Don de P&G.

[fèr sa petit lésiv a la mê] (loc. ver. ONAN.)

Lessiviers depuis 1837, cotés au NYSE avec une capitalisation de 230 milliards de $ environ, Procter & Gamble ont comme on pourrait dire « bien réussi dans les affaires ».

William Procter, fabricant de bougies, et James Gamble, fabricant de savon, peuvent être fiers de leurs suivants qui ont fait de la lessive l’un des produits du XXᵉ siècle, surfant sans cesse sur les modes à grands renforts de pin des Landes et de fraîcheur des Alpes, de formule enrichie aux enzymes gloutons et d’agents spéciaux pour le blanc, la couleur, le noir, la laine, la soie, etc.

Qu’elle se fasse en machine, en famille, à la main, la petite lessive trouve toujours son liquide ou sa poudre grâce à ces bons Willy et James. Mieux encore, les deux malins qui ont pensé à tout ont même imaginé tout ce qu’il faut pour faire sa petite lessive à la main.

Ce que les deux business men n’avaient nullement envisagé c’est le ton d’outrage aux bonnes mœurs qu’allait bientôt prendre leur expression préférée, vraisemblablement généré par une interprétation allégorique du mouvement de va-et-vient de la lavandière dont le travail précède dans la chaîne du propre celui de la branleuse de gendarme. Il y a des petits vicieux partout.

Le premier à faire sa petite lessive à la main est le fameux Onan

Si l’on s’en réfère aux textes en notre possession, le premier à faire sa petite lessive à la main est le fameux Onan, deuxième fils de Juda, dont la postérité retint plus les pratiques libidineuses que le goût immodéré pour un blanc immaculé (le même que dans la pub Bonux) et des chemises bien repassées; comme quoi l’Histoire est souvent injuste.

Bien entendu les très malins services marketing des susnommés Procter & Gamble cherchèrent ardemment à tirer avantage de ce glissement sémantique de faire sa petite lessive à la main, créant dans la chaîne logique de leur empire de l’astiquage des marques telles que Monsieur Propre, Cover Girl, Cascade, Mum, Yes, Zest, et Oral-B. Vous décryptez le truc…

La logique crapuleuse de ce rêve de toute puissance alla jusqu’à vouloir acheter la très française Société du Papier Linge créée par la papeterie Darblay en 1946, dite aussi Sopalin, mais c’est son concurrent Kimberly-Clark qui en prit le contrôle.

Dès lors, l’ogre américain du propre n’eut de cesse de faire disparaître faire sa petite lessive à la main, ne l’employant dans aucune de ses nombreuses publicités, le condamnant ainsi au suranné. Ainsi disparut une subtile expression.

Ainsi s’installa un ordre qui se dit moral, mais ceci est une autre histoire.

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