Pousse-cul [puskyl]

Pousse-cul

Fig. A. Un huissier et un pousse-cul conduisent un voleur de pain. Musée Jean Valjean.

[puskyl] (n. comp. FOURB.)

Depuis Sisyphe et son rocher qu’il fut condamné à pousser jusqu’en haut de la colline pour l’éternité pour avoir osé défier Thanatos qui au passage ne faisait que son boulot, l’Homme pousse. C’est comme ça, c’est son destin. Quand le Shadok pompe, l’Homme pousse.

Le problème majeur est que tous les hommes ne poussent pas dans le même sens. Certains tirent, par exemple la couverture à eux (j’en connais) ou bien au flanc (j’en connais aussi). D’autres veulent bien pousser mais le font plutôt au crime ou à la va-comme-je-te-pousse. Et puis il y a les pousse-caillou, le pousse-café, le pousse-pousse, bref des dizaines de formes de poussage qui font que le rocher du pauvre Sisyphe redescend avant d’arriver en haut de la colline et qu’il faut recommencer à pousser.

Comme l’Homme sait s’adapter, il a fait profession pour certains de pousser. Le pousse-cul, puisque c’est de lui dont il s’agit, est parmi les plus vils pousseurs. En effet, le pousse-cul pousse vers la prison; c’est vil. Il était le premier à applaudir quand, les croquantes et les croquants, tous les gens bien intentionnés, riaient de [le] voir ramené (air connu🎶). Et pour cause, c’était là son boulot. Le pousse-cul forçait à avancer vers un destin peu estimable.

Il se dit que pousse-cul est un suranné du parler lyonnais, ce que je suis en mesure de confirmer puisque l’ayant croisé en parcourant les traboules par lesquelles mes aïeux eurent à fuir les barbares. L’écho de ce médiocre subalterne des basses œuvres et des mouchards qui le secondaient y résonnait encore. Il fut une époque où la contrainte par corps trouvait aisément ses serviteurs zélés pour guider vers les geôles ceux qui avaient choisi de résister. Mais c’est un autre histoire.

Bien entendu, le pousse-cul à aujourd’hui disparu, tout autant du langage que du marché de l’emploi. La maréchaussée n’a plus besoin de sombres sbires pour mener en prison celui qui le mérite.

Le trait qui unissait le séant de celui qui le précédait à son action contraignante a cependant laissé place à un « au » pour créer pousse au cul. Je vous le donne en mille, ce mot moderne hérité de pousse-cul nous parle d’un piège engrillagé destiné à capturer des oiseaux. Le pousse-cul qui a imaginé le pousse au cul mériterait un bon coup de pied dans sa partie charnue. Et je suis volontaire pour le lui asséner. Je tiens le pousse-cul en horreur.

🎼🎶Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux
Regardez-les s’envoler c’est beau
Les enfants si vous voyez🎶
Des p’tits oiseaux prisonniers
Ouvrez-leur la porte vers la liberté🎶

La Cage aux oiseaux, Pierre Perret 1971

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