Fumer une souche [fymé yn suS]

Fumer une souche

Fig. A. Type super cool avec une clope.

[fymé yn suS] (loc. verb. MCQUEE.)

Fumer tue. On ne vous le dira jamais assez fort, on ne vous l’écrira jamais assez gros, dilapideurs de capital santé, pollueurs d’air, empesteurs d’atmosphères : fumer tue.

Fumer tue, vous le savez et vous continuez.

Puisque vous vous entêtez, apprenez qu’il existe une expression désormais surannée pour décrire la position allongée six pieds sous terre dans laquelle vous ne tarderez pas à vous retrouver si vous ne cessez pas dans l’instant : fumer une souche.

Comme fumer une souche insiste sur l’addiction mortifère qui se poursuit donc dans l’au-delà (comme quoi ce n’est pas évident d’arrêter) on pourrait la penser exclusivement réservée au crapoteur qui mange les pissenlits par la racine, ou à la limite partagée avec la victime d’un tabagisme passif, eh bien non.

Veuillez noter que fumer une souche ne s’applique pas uniquement au décédé du crabe du poumon mais à tout résident du Père Lachaise ou autre concession, quelle que soit la raison de se présence souterraine. On dira d’untel qu’on n’a pas vu depuis belle lurette qu’il est parti fumer une souche, forme somme toute poétique pour signifier son retour ad patres.

Signalons aussi que fumer une souche n’a absolument rien à voir avec ces vaines tentatives adolescentes d’avoir l’air aussi cool que Steve McQueen, en se coinçant un bâtonnet de bois fumant aux commissures histoire d’impressionner une blondinette (oui, on vous a vu, mais ceci est une autre histoire).

La forme des allégories mortuaires de la langue surannée reflète le dédain porté à la camarde (et leur nombre ne cache pas qu’elle est une préoccupation) et fumer une souche siège à ce titre en haut de la pyramide d’expressions qui contemplent les trois Parques trancher les fils des destins : habiter boulevard des allongés, avaler son bulletin de naissance, casser sa pipe, passer l’arme à gauche, lâcher la rampe…

La bienvenue loi du 10 janvier 1991 chassant la clope des wagons fumeurs de la SNCF, des restaurants et des bistrots, eu aussi pour conséquence de faire de fumer une souche une tournure surannée de l’état trépassé, victime d’anti-tabagisme passif en quelque sorte. Les meilleurs intentions de modernes et louables préoccupations ont parfois d’étranges conclusions.

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