Speakerine [spəakʁin]

Speakerine

Fig. A. Catherine Langeais.

[spəakʁin] (angl. TV).

Femme-tronc mais néanmoins charmante, la speakerine est un condensé de l’identité féminine des années surannées¹.

En quoi me direz-vous ? (Si, si, je sais que vous allez me dire « en quoi ? » car vous souhaitez tout savoir et c’est bien légitime, après tout vous êtes ici pour ça).

Eh bien voici en quoi : la speakerine est assise et souriante, jolie, coiffée avec recherche et application, bien mise dans une robe de bonne facture, et elle nous annonce le programme télé, nous² évitant ainsi de perdre du temps à lire Télérama.

Mieux encore, elle s’excuse pour des erreurs qu’elle n’a pas commises. Car on est dans les années surannées et la technique dite du top-magnéto n’est pas encore totalement au point pour de nombreuses raisons techniques trop longues à développer ici (pot de départ, sieste, bandes magnétiques emmêlées, etc.).

À l’époque on se dit que quitte à annoncer des trucs qui ne fonctionnent pas autant le faire faire par un joli minois, ça fera passer la pilule. Remarquons au passage que ce concept fut modernisé et adopté quelques années plus tard par les chaînes de l’info en direct, celles-ci recrutant leurs journalistes tout autant pour leurs compétences professionnelles que plastiques. Et je ne vous parle même pas des miss de la météo. Bref, la speakerine est a priori ici pour faire potiche et diversion.

Mais la speakerine va se rebeller. Et se faire aimer des téléspectateurs et devenir indispensable. Car elle a d’autres atouts que son sourire blancheur.

Elle va même aller jusqu’à devenir célèbre : Catherine Langeais, Jacqueline Huet, Anne Marie Peysson, Denise Fabre, Simone Garnier… Bien entendu que les prénoms sont surannés, on n’est pas en télé-réalité ! Que celui qui ne se souvient pas des fou-rires de Denise Fabre me jette la première télécommande, que celui qui n’a pas en tête le « Merci Simone » excédé de Guy Lux lâche les premières vachettes. Oui je le dis, la speakerine est désormais indispensable à une télévision digne de ce nom.

Mais bien vite la rentabilité arrive et la speakerine s’en va. C’est un jingle qui nous présente en musiquette d’ascenseur le programme à venir, et puis si on n’est pas content on n’a qu’à acheter Télé Z. Les machos ont perdu la bataille. La speakerine s’est levée et a laissé une chaise vide. « Au revoir » comme dirait l’autre. Tiens c’est marrant, ça date de la même époque.

¹NDLR : pour mes amies lectrices féministes à humour de bulot qui m’avez déjà gâché le plaisir de la rigolade il y a quelques chroniques, je vous invite à passer au salon et à vous servir un drink en attendant que je termine de discuter avec les gens. Merci.
²Nous = les hommes.

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