Rejeter le moucheron et avaler le chameau [reZeté le muSrô é avalé le Samo]

Rejeter le moucheron et avaler le chameau

Fig. A. Faux-derche à dos de dromadaire.

[reZeté le muSrô é avalé le Samo] (loc. évang. F.-CU.)
Exotique et évangélique d’origine, latine aussi selon Mathieu (ch.23, v.24 de ses écrits), excolantes culicem et camelum glutientes utilise comme de nombreuses autres expressions surannées l’image animale pour faire passer son message.

En l’occurence celui de s’éviter de petites fautes pour mieux s’en permettre de plus grandes.

On comprend bien pourquoi rejeter le moucheron et avaler le chameau (traduction française de la latine princeps) est attribuée à Jésus de Nazareth : elle pointe du doigt les hypocrites et leurs petits arrangements quotidiens avec la morale, l’un des thèmes de prédilection de celui qui s’avèrera grand pourvoyeur de locutions au cours de sa carrière [su_tooltip position= »north » shadow= »yes » rounded= »yes » title= » » content= »Tapez ‘Jésus’ dans le champ de recherche ci-contre pour accéder à l’ensemble des expressions concernées. »](mais ceci est une autre histoire)[/su_tooltip].

Une telle filiation est la garantie d’un grand succès pour rejeter le moucheron et avaler le chameau qui se trouve utilisée à foison dès 30 par quiconque a dans le collimateur un cul-bénit pas si propre que ça à railler, car déjà le faux-derche pullule.

Notons que, malgré toute la duplicité du cracheur-avaleur, rejeter le moucheron et avaler le chameau relève de l’exploit, le camélidé pouvant allègrement fournir plusieurs quintaux de viande. Tout faux-cul qu’il est, celui qui rejette le moucheron et avale le chameau a donc un bon coup de fourchette et, rappelons-le, c’est là une qualité durant les années surannées.

Cette capacité à bien se comporter à table (c’est à dire à reprendre deux fois du chameau en sauce) créera une confusion qui dénaturera le sens de l’expression. En sus, plusieurs débats concomitants agitant les tartufes renforceront le brouhaha ambiant : avaler ou ne pas avaler (le chameau), le chameau court-il plus vite que le dromadaire, lequel possède deux bosses, faut-il s’asseoir entre les bosses, quel est le cri du chameau ?

En 2016, la condamnation pour avoir rejeté le moucheron et avalé le chameau d’un ministre en charge de la surveillance du troupeau oblige l’expression à disparaître avec le coupable, ses comptes bancaires à numéro planqués en Suisse, ses pertes de mémoire pendant la rédaction de sa feuille d’imposition et ses déclarations les yeux dans les yeux.

« J’ai été pris dans une spirale du mensonge et m’y suis fourvoyé. Je suis dévasté par le remords. À Monsieur le Président de la République, au Premier Ministre, à mes anciens collègues du gouvernement, je demande pardon du dommage que je leur ai causé. À mes collègues parlementaires, à mes électeurs, aux Françaises et aux Français j’exprime mes sincères et plus profonds regrets. Je pense aussi à mes collaborateurs, à mes amis et à ma famille que j’ai tant déçus » écrira l’ancien chirurgien aux humeurs peccantes.

Pour avoir bousillé rejeter le moucheron et avaler le chameau, il ne présentera jamais la moindre excuse.

Laisser un commentaire