Faire des almanachs [fèr déz- almana]

Fig. A. À la Saint-Glinglin chantent les lendemains.

[fèr déz- almana] (loc. att. IDÉ.)
Qu’il soit de Liège, de Paris, du Gotha, du Pèlerin ou Vermot, l’almanach est depuis Les Travaux et les Jours (Hésiode) qui date du VIIIᵉ siècle avant JC, la lecture populaire par excellence.

Avec ses bons mots, ses pensées de comptoir dignes du Balto, ses recettes de cuisine, ses prédictions et prévisions, ses traductions du langage des fleurs et de celui des animaux, l’almanach permet de faire passer le temps là où le roi va seul tout comme dans la salle d’attente de l’arracheur de dents ou de la Pythie, et de s’interrompre sans qu’il y ait un problème (on pourra reprendre la lecture plus tard).

Faire des almanachs pourrait dès lors passer pour une paisible activité.

Il n’en est rien.

Car c’est à la face obscure de ces pages emplies de savoirs bon marché et de révélations « selon des études américaines », que se réfère l’expression.

Il n’est en effet pas absolument certain que le cui-cui-cui mélodieux d’une mésange se traduise exactement par « Quand la feuille des bois tombe dans la prairie, le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons; et moi, je suis semblable à la feuille flétrie : emportez-moi comme elle, orageux aquilons ! »¹ ou qu’une blague de Toto s’avère paroxysme de l’humour². De même la soupe d’orties, aussi goûtue soit-elle, ne guérit pas la maladie d’amour (mais ceci est une autre histoire).

Ce pourquoi faire des almanachs signifie se remplir la tête d’idées incongrues jusqu’à possiblement s’en monter le bourrichon.

Le bon sens qui concocte les expressions n’est pas celui d’un benêt prêt à gober les conseils du premier docteur en soupe salée venu ou le menteries d’un proverbe arrangé pour faire acheter des K-Way® à la Saint-Médard et des tricots de peau trois jours plus tard à la Saint-Barnabé. Pour bien marquer son territoire il a donc arrangé à la sauce piquante faire des almanachs.

À la Saint-Glinglin chantent les lendemains

Bobards pour gogos et filouteries enrobées de sophisme aidant, faire des almanachs va avoir du boulot et très largement se répandre pour aider à combattre l’absurdité et les promesses de gougnafiers de lendemains qui chantent.

Et son retentissement sera d’autant plus grand que les almanachs s’éditent à foison, prévoyant chaque année ce qui va arriver à Pâques si Noël s’est passée au balcon.

Faire des almanachs se heurtera de plein fouet au commerce des avis indécents et des idées malséantes à la rentabilité élevée pour qui arrive à les glisser subrepticement avant une page de publicité.

Jugée séditieuse l’expression s’en trouvera bannie, autorisée à disposer et à rejoindre le calendrier des P&T dans ce capharnaüm où croupissent les trucs de grand-mère qui fonctionnent pour éliminer une tache rebelle ou accorder un participe passé; les trucs désuets.

¹L’isolement. Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques.
²Pourtant il y en a des bonnes. Comme celle de Toto qui va chez le boucher et qui dit…

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