Recevoir un coup de pied d’Aphrodite [resevwar û ku de pjé dafròdit]

Fig. A. Marthe Chenal, la plus belle femme de Paris, dans « Aphrodite ». 1908.

[resevwar û ku de pjé dafròdit] (loc. vénér. MAL.)

Hésiode et Homère avaient un désaccord profond sur la naissance d’Aphrodite (Ἀφροδίτη), mais tous deux la faisaient tout de même déesse de l’amour et du tagada tsoin tsoin, les poètes n’utilisant cependant pas ce terme qui ne viendra que bien des siècles plus tard avec Carlos¹ (mais ceci est une autre histoire).

Réputée auprès des dieux de l’Olympe tout comme chez les mortels, la Vénus grecque multipliera les aventures sans lendemains à tel point que recevoir un coup de pied d’Aphrodite prendra le sens d’attraper une maladie d’amour, non au sens Sardolien² mais au sens vénérien de la chose.

Étrange hommage à la supposée fille de Zeus que celui de lui prêter la capacité à refiler la chtouille en bottant, mais les voies du langage sont elles aussi parfois impénétrables.

Le culte d’Aphrodite s’avérant aisé à embrasser (présenter ses hommages à Madame la marquise en est par exemple un office), recevoir un coup de pied d’Aphrodite se répandra comme la vérole sur le bas clergé, y compris celui de religions monothéistes ne reconnaissant aucune légitimité divine à la belle et gourmande grecque.

Elle court, elle court la maladie d’amour…

Plus encore, de nombreux athées et agnostiques recevront un coup de pied d’Aphrodite suite à d’imprudentes incartades les ayant menés à Naples sans passer par les monts.

L’effondrement de la civilisation grecque puis le recyclage de ses divinités en noms de night-club olé-olé, de voitures, d’opérations de guerre ou de marques commerciales de luxe n’aura pas d’effet notoire sur recevoir un coup de pied d’Aphrodite qui continuera à savater en veux-tu en voilà jusqu’à l’orée des années dites modernes.

C’est le goût du contemporain pour le sigle condensateur en toutes majuscules qui bannira recevoir un coup de pied d’Aphrodite par delà le Styx, là où s’entassent les vieilleries surannées.

Contracter une MST³, plus clinique avec sa prononciation saccadée, lui sera préférée.

Les coups bas de la déesse castagneuse sont désormais désuets (mais ce n’est pas une raison pour ne pas les éviter).

¹Autre poète et chanteur de tirelipimpon sur le chihuahua.
²La Maladie d’amour, Michel Sardou, 1973. Paroles : Yves Dessca, Michel Sardou. Compositeur : Jacques Revaux. Tréma.
³Maladie Sexuellement Transmissible.

Laisser un commentaire