Ne pas valoir la queue d’un vieil ail [ne pa valwar la kö dû vjèj aj]

Fig. A. Ouvriers construisant la pyramide de Khéops.

[ne pa valwar la kö dû vjèj aj] (loc. vac. RIE.)
SYN. Ne pas valoir la quille pourrie d’un bateau-mouche.

En des temps où ferrailler pour une subtilité avait encore un sens, une lutte fratricide opposa le fifrelin au vieil ail.

Le but de ce combat était de savoir qui de l’un ou de l’autre était le véritable moins que rien, le plus peu de chose en quelque sorte.

Ne pas valoir la queue d’un vieil ail semblait invincible avec sa langue bien de chez nous quand le fifrelin peinait encore à justifier sa provenance d’outre-Rhin¹, et c’est avec la légèreté qui sied aux reproches alambiqués que l’expression dominait l’échelle de la vacuité.

Depuis belle lurette.

En effet, faire savoir à autrui qu’il ne vaut pas la queue d’un vieil ail était considéré comme offensant depuis cinq mille ans environ, les premiers à s’en être offusqué ayant été les ouvriers bâtissant la pyramide de Khéops qui se mirent en grève suite à la suppression de leur ration quotidienne d’ail.

Selon toute vraisemblance c’est donc le vizir Hémiounou, architecte de la grande pyramide, qui aurait créé l’expression, estimant que « ces feignasses de xwfwG25x ne valaient pas la queue d’un vieil ail et n’avaient qu’à bosser un peu plus vite s’ils voulaient qu’on leur en serve dans le rata de demain, parce que j’ai une pyramide à finir, moi »².

La patrie de Jean-François Champollion, père de l’égyptologie, adopta l’algarade vers 1830 et lui conféra toute la place qu’elle méritait dans sa langue latine.

Forte de cette majestueuse hérédité, ne pas valoir la queue d’un vieil ail domina pendant de nombreuses années la condescendance adressée aux pauvres bougres ou à l’action sans grande portée. Ainsi un claque-pain, un baltringue, ne valait-il pas la queue d’un vieil ail et un geste insignifiant était-il considéré du même acabit par ceux qui ne sont pas rien, eux.

Malgré la vigueur de son effluve, ne pas valoir la queue d’un vieil ail disparut en surannéité quelques temps après le fifrelin, en ayant tout de même remporté les suffrages de l’usage.

Taxés par les modernes d’attacher de l’importance à du moins que rien (ils eurent dit « d’être des aplatisseur de pièces de six liards » s’ils avaient été outillés, mais ceci est une autre histoire), les derniers qui l’utilisaient furent raillés et considérés comme d’inutiles blablateurs, des chouigneurs fragiles et inutiles, des vieux cons surannés.

¹Certains se disaient même qu’en utilisant ne pas valoir la queue d’un vieil ail ce serait toujours ça que les Boches n’auraient pas.
²Le texte exact de la citation a malheureusement disparu dans l’incendie de la grand bibliothèque d’Alexandrie.

Laisser un commentaire