Faire petit salé [fèr peti salé]

Fig. A. Gros cochon.

[fèr peti salé] (loc. charc. SEX.)

Il est convenu en cuisine française que c’est la poitrine de porc (ou la palette ou la jambonneau) qui est utilisée pour réaliser le petit salé. Avec des lentilles en sus on obtiendra un plat à la fois rustique et succulent qui ravira les gourmets tout comme les affamés.

Il est convenu en tapinage, français lui aussi, que faire petit salé ne consiste pas vraiment à proposer de partager une assiettée poitrine-saucisse-lentilles avec une professionnelle des charmes monnayés.

Dans le langage suranné des maisons aux carreaux brouillés, faire petit salé est aussi au menu mais consiste à autoriser le client à lécher les pieds de la trimardeuse jusqu’à ce que plaisir s’en suive (pour lui).

Au catalogue des prix de la chose, le petit salé s’affiche moins cher que la savonnette impériale russe (au savon de Marseille ou au savon du Congo) et faire petit salé est un peu le plat du pauvre. Le travail péripatéticien est en effet de moindre effort si ce n’est celui de la résistance au fou-rire pouvant être généré par les chatouilles d’une langue empressée sur la plante des pieds¹.

Faire petit salé : le goût des petits petons

On sait que la reine d’Égypte Hatchepsout (XVIIIᵉ dynastie) adorait se faire faire petit salé par ses eunuques² mais on ne peut guère suspecter les bougres d’être à l’origine de l’expression puisque celle-ci implique l’élaboration préalable de la recette du petit salé au lentilles vertes du Puy-en-Velay qui n’arrivera que bien des siècles plus tard (au XIVᵉ pour être exact).

Il est très probable que faire petit salé ait été créé par un habitué du 12 de la rue Chabanais, du Sphynx ou du One-Two-two, retrouvant dans le goût des petits petons de sa favorite celui du plat du jour du Bouillon Chartier. C’est donc bien d’un hommage qu’il s’agit.

Faire petit salé s’imposa d’autant plus facilement dans le langage que l’expression avait été précédée par donner deux jambons pour une andouille, autre parabole charcutière de la jambe en l’air.

Le goût du moderne pour des plats sans gras (et une certaine volonté hygiéniste de cacher des pratiques jugées olé-olé) envoya le gros cochon faire petit salé en surannéité avec le petit salé et toute recette à plus de cent cinquante calories.

« Pour votre santé, évitez de manger trop gras ou trop salé » est le credo du contemporain. Il a certainement raison.

¹Pour rappel les Romains torturaient en enduisant de sel les pieds de leur victime et en les faisant lécher par une chèvre.
²Authentique.

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