Ne pas se fouler la verge [ne pa se fulé la vèrZ]

Fig. A. Branleurs.

[ne pa se fulé la vèrZ] (loc. verb. GLAND.)
L‘effort structurant comme valeur ces temps désormais surannés, la critique acerbe de celui n’en fournissant aucun fut pourvoyeuse de nombreuses expressions plus ou moins imagées.

Triturons ci-après celle qui porte aux nues celui qui n’en fiche pas une rame (ou n’en branle pas une comme on dit grossièrement).

Bâtie autour de la locution verbale ne pas se fouler (faisant référence aux principes du travail manuel ou podal), ne pas se fouler la verge se place dans le peloton de tête de l’imagerie signifiante, largement devant ne pas se fouler la rate ou ne pas se fouler tout court.

L’enchaînement avec ne pas en branler une est même d’une logique biblique à laquelle Onan¹ n’est certainement pas totalement étranger, mais ceci est une autre histoire.

Même sans formation médicale, l’on prédira de celui qui est réticent à la besogne qu’il ne va pas se fouler la verge avec une certitude évidente puisque les fractures du pénis sont quasiment inexistantes (hors pratique de l’Étreinte du panda ou du Poirier indien, figures extraites du fameux livre de Vatsyayana, ou कामसूत्र, Kāmasūtra). Une façon crue mais vraie de décrire la léthargie qui occupe le jean-foutre.

Par extension et ironie, celui qui ne se foule pas la verge ne risque rien non plus pour toutes ses autres articulations², preuve s’il en fallait que c’est véritablement un sacré fainéant.

L’utopie hippie qui revendiqua haut et fort de ne pas se fouler la verge et de l’utiliser uniquement pour faire la paix permit à la locution d’atteindre sa plus intense utilisation. Devenue devise, elle imprima même quelques affiches protestataires tirées à la ronéotypeuse.

Ne pas se fouler la verge fit alors volte face et subit une crise de vulgarité typique de l’entrée en modernité : elle devint ne pas se casser le cul. Incompatible avec un monde préférant faire la guerre plutôt que l’amour, ne pas se fouler la verge prit une retraite bien méritée. Elle a aujourd’hui pratiquement disparu bien que le cossard, lui, soit toujours bien présent.

¹Onan était un sacré branleur.
²Aux savants qui feront remarquer que la verge n’est pas une articulation nous rappellerons ici le bon mot du roi Henri IV : « Jusqu’à quarante ans j’ai cru que c’était un os ».

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