Être avec son jeune homme [ètr avèk sô Zën òm]

Fig. A. Jeune homme venant d’avoir dix-huit ans.

[ètr avèk sô Zën òm] (loc. verb. ALCOO.)

Il n’est ici nullement question des mœurs frivoles avec mignons (comme certains huguenots et autres ligueurs le reprochaient au roi Henri troisième du nom par exemple), pas plus que de nuits d’automne à compter en le voyant, lui qui vient d’avoir dix-huit ans et qui est beau comme un enfant, fort comme un homme (c’est l’été, évidemment).

Qu’on se le dise et qu’on lise en toute sérénité (si l’on fait partie d’une quelconque ligue de vertu) l’explication complète d’être avec son jeune homme.

Être avec son jeune homme ne signifie pas se trouver en présence d’un jouvenceau à peine pubère avec lequel on aurait quelque lien de parenté ou de cœur. On peut être avec son jeune homme quand on est seul, en groupe. On peut être avec son jeune homme qu’on soit une femme ou un homme, plus âgé ou plus jeune que le jeune homme en question. Peu importe puisque le fameux jeune homme avec lequel on est n’existe pas, ou plus précisément que ce n’est pas réellement lui.

Quand on est avec son jeune homme, on est avant tout gris. Ivre, joyeux, c’est-à-dire pas tout à fait beurré comme un Petit-LU mais un peu entamé tout de même. Pour des raisons de sécurité il est conseillé de ne pas prendre le volant quand on est avec son jeune homme (ni même d’imaginer le lui confier puisqu’il n’a pas encore son permis).

L’origine de l’expression est obscure comme une nuit d’ivresse, et les explications qui se lisent de ci de là sont si peu convaincantes qu’il est totalement inutile de s’appesantir. Personne ne sait vraiment pourquoi l’on dit qu’on est avec son jeune homme quand on a un petit coup dans le nez. Telle est la vérité.

A contrario, tout un chacun pourra deviner qu’être avec son jeune homme est devenu suranné lorsque la figure romanesque de la cougar a émergé (au début du XXIᵉ siècle). Dévoreuse de minets, cinéaste, écrivain, à la fois poète et mannequin¹, celle qui s’affiche volontiers avec son jeune homme quand elle exerce à Hollywood a rendu impossible l’usage du joli code pour décrire l’état d’excitation psychomotrice dû à l’ingestion de boissons alcoolisées.

Désormais le moderne est pompette ou gai mais plus jamais avec son jeune homme. Qu’importe l’expression, pourvu qu’on ait l’ivresse. C’est pragmatique mais c’est moins beau.

¹Comme le chantait déjà le visionnaire Michel Sardou vingt ans plus tôt – Femmes des années 80.

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