Aller à Dourdan [alé a durdâ]

Aller à Dourdan

Fig. A. Hugues Capet, né à Dourdan.

[alé a durdâ] (loc. verb. RER C)

L‘on pourrait penser l’expression qui va bigrement nous préoccuper par ici créée en 1979 dans la foulée de la pose des rails du Réseau Express Régional francilien, ligne C (technocratiquement dénommée Transversale Rive Gauche lors de sa mise en service).

L’on pourrait mais l’on se fourvoierait tel le voyageur étourdi prenant le RER qui va à Saint-Martin-d’Étampes alors qu’il voulait aller à Dourdan.

Nous touchons là l’essence d’aller à Dourdan : en voulant aller à Dourdan mais en allant à Saint-Martin-d’Étampes, le tête-en-l’air est tout de même allé à Dourdan. Oui, en subissant l’impérieuse humeur de la SNCF qui l’a mené à Saint-Martin-d’Étampes on peut dire de ce malheureux usager des transports collectifs qu’il est allé à Dourdan (alors qu’il n’y a pas mis les pieds).

C’est ainsi que le langage suranné entend aller à Dourdan : subir, ployer sous le joug, encaisser.

Aller à Dourdan c’est un peu aller à Canossa. En moins humiliant tout de même. Car la bourgade de fin de ligne et ville royale depuis le Xᵉ siècle (Hugues Capet y est né) n’est pas ce pandémonium rural pour citadin banni que veut faire imaginer la légende urbaine qui se colporte de RER A en RER B. Pour qui aime la forêt, les champs et les vieilles pierres, Dourdan est une ville agréable.

Il est possible qu’aller à Dourdan soit né au XVIIᵉ quand les nobliaux en disgrâce devaient se rendre au domaine que Marie de Médicis y possédait pour se faire remonter les bretelles, mais les historiens préfèrent se pencher sur ses querelles avec son rejeton Louis XIII, aussi ne pouvons-nous l’affirmer. Et c’est sans doute ce manque de précision historique qui enverra en partie aller à Dourdan dans les douves de la surannéité.

En 1985, Michel Audiard, grand prêtre de la langue surannée s’il en est, meurt.

À Dourdan.

C’est en définitivement terminé d’aller à Dourdan.

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