Picorette [pikòrèt]

Picorette

Fig. A. Aztèque s’adonnant au lancer-gober de Picorette. Chichén Itzá.

[pikòrèt] (marq. dép. CONFIS.)

Les années surannées furent un temps de furieuse bataille de boules.

Un combat de coqs, à mort, pour dominer le marché de l’hypoglycémie et celui de la déprime du dimanche après-midi de novembre, les deux se résumant propices à gober de la boule. De préférence enrobée de chocolat.

Nées en 1971 pour combattre les Treets (qui deviendront surannées elles aussi, mais ceci est presque une autre histoire), les Picorette (Picorettes avec un « s » au début de leur vie, puis sans « s » à partir de 1975, une idée de la direction marketing certainement), sont de délicieuses petites boules de soja enrobées de chocolat Nestlé. Elles s’entrechoquent avec les cacahuètes chocolatées des Treets, traçant une ligne infranchissable pour les amateurs des unes ou des autres.

On est Treets ou on est Picorette, mais on ne peut être les deux

À l’instar de la querelle entre pains au chocolat et chocolatines ou de l’opposition Peugeot-Citroën, on est Treets ou on est Picorette, mais on ne peut être les deux. Cette « guerre des deux boules » comme l’on dit alors dans les états-majors de Nestlé et Mars Incorporated va marquer la confiserie emballée à jamais.

Picorette ne reculant devant rien, vient se positionner sur le créneau dit du lancer-gober qui est depuis longtemps la marque de Treets¹. Malgré les quelque cent quatre-vingt sept étouffements annuels provoqués par une trajectoire directe gosier parfaite, le groupe agroalimentaire de McLean (Virginie) a fait depuis longtemps de l’auguste geste du semeur très largement revisité, sa marque de fabrique publicitaire. Sans vergogne puisqu’on est dans une guerre sans merci, Nestlé en a pompé l’idée pour Picorette. Et ça lance, et ça gobe donc à longueurs de films publicitaires et de slogans convaincants pour les deux concurrentes.

Ça joue donc des coudes et des boules pour se faire une place dans le rayon confiserie en quelque sorte.

C’est Picorette qui la première deviendra surannée. Prise en tenaille entre son plus vieil ennemi, les Treets, et de nouvelles boules du nom de Malteser, Picorette peine à se faire gober par le moderne. On est en 1997 quand le dernier paquet fond sur la plage arrière d’une Renault 21, oublié de tous.

Et parce que son destin se devait d’être tragique, Picorette deviendra même la marque d’aliments de basse-cour ! Dans la ferme moderne ce sont les poules, les dindes et les canards qui mangent des Picorette

Si Picorette c’étaient « des petits grains de folie » comme le clamait la pub, ce sont désormais des grains pour poule pondeuse, pour canard d’ornement ou pour lapin à poil brillant. Ressusciter c’est rarement une bonne idée quand on est surannée.

¹Selon certains chercheurs, le lancer-gober de boules de chocolat aurait été inventé par les Aztèques. Cf. figure A ci-dessus.

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